Tout savoir sur le miel et les abeilles : rencontre avec notre apiculteur !


Chez Vrac’n Roll, nous souhaitons créer des liens étroits avec nos producteurs et vous les faire connaître. Nous avons échangé avec notre apiculteur Joannes Boulon pour en savoir plus sur ses précieuses collaboratrices, sur le miel et sur son beau métier. Nous avons beaucoup appris de son interview et on espère qu’elle vous plaira autant que nous !
Bonjour Joannes ! Pouvez-vous nous expliquer votre parcours, votre activité ? Et depuis combien de temps faites-vous ce métier ?
« J’ai fait des études agricoles sans lien avec l’apiculture, mon parcours était plutôt généraliste. Au départ, je m’orientais plutôt vers les productions végétales, j’avais envie de m’installer comme agriculteur, je ne connaissais pas les abeilles. C’est à la fin de mes études que j’ai eu l’opportunité d’ouvrir une ruche chez mon beau-frère, lui-même en possédait trois dans son jardin. Ça m’a vraiment plu ! J’ai donc contacté des apiculteurs pour essayer d’en savoir plus, j’ai fait des stages informels et j’ai installé mes premières ruches à côté de mon travail. Petit à petit, j’ai augmenté le nombre de mes colonies : j’en ai eu jusqu’à une petite vingtaine. Passionné, j’ai décidé d’en faire mon métier.
Je me suis donc lancé en 2016 et installé officiellement en tant qu’apiculteur à titre principal depuis 2018. Il m’a fallu deux ans pour créer mon cheptel et arriver à avoir suffisamment de ruches pour m’installer. »
Combien de ruches possédez-vous ? Et où sont-elles localisées ?
« Mon activité s’est installée progressivement et actuellement je possède environ 250 ruches dont une partie se trouve à Privas, en Ardèche.
Pour l’hivernage et le Printemps, elles sont dans les trente kilomètres à la ronde et ensuite pour la période des transhumances (déplacements des ruches en fonction des saisons), je les déplace plus loin pour aller chercher les différentes miellées : sapin, lavande, châtaignier, etc.
Pour les transhumances, il faut attendre le soir que les abeilles soient toutes rentrées à la ruche pour les déplacer afin de ne pas en laisser sur place, car elles seraient perdues. Une ruche est déplacée une à deux fois par an et à chaque fois je déplace entre 30 et 50 ruches. »

Comment crée-t-on des ruches ?
« Pour créer des ruches, il faut diviser les colonies, c’est-à-dire qu’on prélève des abeilles et du couvain (larves d’abeilles) d’une ruche bien développée.
Chaque ruche contient dix cadres et il est possible d’en retirer deux sans trop affaiblir la colonie. On prend soin de laisser la reine dans la ruche d’origine. Ensuite, on éloigne les cadres prélevés avec leurs abeilles à au moins trois kilomètres de distance pour éviter que les abeilles ne reviennent sur place. Les abeilles devenues orphelines élèvent une nouvelle reine et c’est l’alimentation de la larve qui déterminera le futur de l’abeille :
– bouillie larvaire (mélange de pollen et de nectar) : ouvrière
– gelée royale : reine.
Si on souhaite gagner du temps, on peut faire de l’élevage de reines : on fait croire à des abeilles qu’elles n’ont plus de reine pour qu’elles en élèvent une, on la prélève et on la met dans l’essaim.
Les apiculteurs sont finalement très interventionnistes car on ne laisse pas complètement faire les abeilles. »
Avez-vous des associés, des salariés ?
« Non je suis seul, c’est une entreprise individuelle, sans salarié mais l’été nécessite ponctuellement de la main d’œuvre.
Cependant, nous travaillons beaucoup en réseau entre apiculteurs et notamment au moment du déplacement des ruches, qui est une tâche physique lourde. Une bonne entente règne dans cette profession. »
Comment obtient-on du miel ? A quelle période le récolte-t-on ?
« L’important pour obtenir du miel est d’avoir des colonies en bonne santé à la sortie de l’hiver et peu infestées par le parasite nommé « varroa destructor », qui affaiblit et transmet des virus aux abeilles.
Le processus de production s’étale sur une année, c’est-à-dire que la saison de production commence l’été précédent, suivi d’une période d’hivernage pendant laquelle elles sortent butiner par beau temps. A partir du Printemps, on place les ruches dans des emplacements stimulants, riches en nectar et pollen. Des hausses (cadres plus petits posés au-dessus du corps de la ruche) sont déposées sur les ruches au mois d’Avril pour stocker le surplus de miel et c’est celui-ci que l’on récolte.
C’est à partir du nectar des fleurs que les abeilles vont faire du miel grâce à leurs enzymes salivaires et à leur capacité à sécher le nectar (moitié eau, moitié sucre). Le miel obtenu contient moins de 20% d’eau.

Le miel présent dans le corps de la ruche n’est pas récolté. On le laisse aux abeilles pour leurs réserves, en périodes d’hiver et de mauvais temps.
La période de récolte débute vers le mois de Mai et se termine vers fin Juillet – début Août. Elle est condensée sur quelques mois et donnera le miel pour toute l’année. Une bonne récolte est estimée à environ 20-25 kilos par ruche.
Une météo défavorable nuit à la récolte, tout particulièrement pour l’acacia, celle-ci étant très brève (10 à 15 jours maximum). »
Produisez-vous des dérivés du miel (pollen, propolis…) ?
« Je produis un peu de pollen mais je ne suis pas encore bien assez équipé pour produire en grandes quantités. Concernant la propolis, je me suis équipé cette année. Sur le long terme, je souhaite produire du pollen et de la propolis.
Par contre je ne produis pas de gelée royale car ce sont des techniques très particulières, qui nécessitent pas mal de temps. »
Comment savoir quel type de miel vous obtenez ?
« A certaines périodes, on ne sait pas le type de miel qu’on va obtenir car il y a tout un mélange de fleurs et notamment au Printemps où les abeilles butinent tout ce qui donne du nectar. Ce seront donc des « miels toutes fleurs ».
Pour faire des miels monofloraux (ex : châtaigner, lavande…), on apporte les ruches à des endroits où il y a beaucoup de cette ressource au début de la floraison. On va récolter la hausse de la ruche quand la floraison se termine.
Ce n’est jamais du 100% monofloral mais il y a une grande majorité de cette ressource. Quand on a un doute, on peut faire analyser ce miel à un laboratoire spécialisé et en fonction de certains critères (ex : taux de sucre, pollens retrouvés, la colorimétrie…) on sait si le miel possède les caractéristiques du miel en question.

Pour des miels spécifiques, il faut parfois se déplacer un peu plus loin (à 1h-1h30 de route) mais l’idée c’est de faire le moins de kilomètres possible dans une cohérence écologique. C’est aussi de pouvoir offrir une gamme de miel un peu plus large. Comme par exemple, l’acacia et la lavande car les départements voisins (Isère pour l’Acacia, Drôme pour la Lavande) sont plus propices à ces productions que l’Ardèche.
Comment détermine t-on qu’un miel est bio ?
« Il existe un cahier des charges assez précis qui définit les zones de butinage sauvages ou des terrains bio, dans un périmètre de trois kilomètres autour de la ruche.
Il n’y a pas d’analyse systématique pour vérifier que le miel est bio mais il peut y avoir des prélèvements. Cependant, les abeilles évoluant dans la nature et la nature étant elle-même polluée, c’est impossible d’obtenir du miel 100% biologique mais en produisant bio, on contribue à ne pas polluer les sols. Puis je recherche les zones les plus naturelles possibles, loin des cultures traitées et des zones urbanisées.
Produire du miel bio a un coût plus élevé car il nécessite de privilégier des sites sains et des intrants biologiques plus chers (ex : miel, sucre, cire). »
Comment les abeilles s’orientent-elles ? Comment et combien de temps vivent-elles ?
« Les abeilles sont une espèce très douée, elles ont la capacité de se repérer grâce au magnétisme. Une abeille ayant réalisé son vol d’orientation sera capable de revenir à sa ruche.
A chaque saison, une activité différente dans les ruches. Dès le mois de Janvier – Février, la reine recommence à pondre, la colonie va donc se développer et dès que le temps le permet elles sortent butiner. Les abeilles ont besoin de deux choses pour vivre : du pollen (source de protéines) et du nectar (jus sucré = apporte l’énergie).
Au début, les larves ont besoin de beaucoup de pollen et puis au fur et à mesure de leur développement elles ont davantage la capacité de butiner. A partir de ce moment là, elles vont faire leurs réserves en prévision de périodes de disettes ou de l’hiver suivant. C’est pourquoi, elles stockent énormément de nectar.
L’espérance de vie d’une abeille est d’environ un à deux mois pour une abeille d’été et de cinq à six mois pour une abeille d’hiver. »

Quels sont les bienfaits du miel sur la santé ? Les différents types de miel ont-ils des effets différents sur le corps ?
« Le miel, comme tous les produits de la ruche ont de nombreuses propriétés. Traditionnellement on prend une cuillère de miel pour les maux de gorge et afin d’éviter les petits maux de l’hiver car ils ont une action anti-bactérienne et anti-virale. La propolis est également très intéressante pour cela.
Le miel est composé essentiellement de sucre, permettant ainsi d’apporter de l’énergie rapidement (ex : sur les tartines le matin) mais également d’endormir car il augmente la glycémie (ex : dans la tisane le soir). Par contre, le miel perd ses vertus lorsqu’il est chauffé.
On attribue également des caractéristiques particulières à chaque miel monofloral mais scientifiquement les miels ont à peu près les mêmes vertus car leur composition est assez similaire. Le miel de lavande est apaisant, le miel de thym est antiseptique, le miel de châtaigner est anti-oxydant (protection des cellules face aux diverses agressions)…
Avez-vous des recettes à nous conseiller pour utiliser votre miel de châtaigner ?

« Je ne suis pas un grand cuisinier mais pour le coup je trouve que c’est un miel très intéressant plus en tant que consommateur que cuisinier mais une viande au miel de châtaigner j’adore ! Car c’est un miel qui laisse une trace et c’est l’un des plus forts. »
L’épidémie de Coronavirus et le confinement ont-ils eu des conséquences sur votre activité et sur le comportement des abeilles ?
« Globalement, tous les apiculteurs on a eu très peur au démarrage quand on a commencé à parler du confinement, on suivait un peu ce qu’il se passait en Italie et les apiculteurs ont été très embêtés et notamment à partir du mois de mars, période de rush pour nous (développement des colonies, essaims, récolte…). Nous nous sommes demandés si nous pourrions toujours aller voir nos ruches. C’est pourquoi, je m’étais organisé pour pouvoir rapatrier un maximum de ruches pour faire les visites à pied. Puis au final, étant donné qu’on est tout le temps dehors et qu’on ne voit personne, on a pu continuer notre activité normalement. Donc finalement cette période de confinement n’a rien changé et il n’y a eu aucune perte au niveau de la production.
Concernant les changements de comportement des abeilles, c’est assez difficile de le remarquer car c’était une période assez courte. Par contre, je suis très intéressé de lire les articles sur les évolutions au niveau de la pollution et quel bilan va être tiré de tout ça. »
Avec le déconfinement, y a-t-il eu des changements ?
« Non ça n’a même rien changé mais je tire des leçons de tout ça quand même et notamment sur les modes de commercialisation comme Vrac’n Roll, les associations de producteurs locaux… Ce sont des choses très intéressantes.
Et puis, j’ai acheté des grilles à propolis ce Printemps à cause du coronavirus car c’est un produit qui m’intéresse et la propolis est un réel booster des défenses immunitaires. »
Retrouvez les miels de notre apiculteur sur Vrac’n Roll !
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